Les deux ombres erraient dans la lueur des lampadaires. Silencieuses. Moodyx, la mâchoire tendue par l'exaspération qui l'affligeait, égarait son regard un peu partout dans la ruelle. Elle voulait crier, lui avouer tous les maux qui déchiraient son cœur en mille morceaux. Sa gorge était nouée par les larmes que ravalait sa dignité dérobée. Elle ne le comprenait pas.
Pourquoi ? Pourquoi l'humilier comme il le faisait, pour ensuite, quelques jours plus tard, lui sourire avec une tendresse insoupçonnée ? Les deux orbes bleues de l'homme la caressèrent, elle détourna la tête. Il ricana, d'un rire sombre et sarcastique. Ô il se délectait le pernicieux ! D'être témoin de son malheur, là, au bord du gouffre d'un amour qu'il ne pourrait lui offrir. Ne croyez pas qu'il ne l'aimait pas ! Bien au contraire ! Une affection soudaine le surprenait quand subitement, émerveillée par une chose anodine, l'esquisse d'un sourire candide se déliait sur les roses lèvres de la jeune femme. Il appréciait, aussi, contre toute attente, les rares moments qu'ils passaient ensemble, juste tous les deux, complices. Mais l'orgueil et la jalousie siégeaient son cœur. Jamais de son vivant il ne consentirait à l'aimer comme elle devait l'être. C'était au dessus de ses forces. Il s'arrêta au niveau de la bouche de métro. Elle l'ignorait toujours. A croire que sa moquerie n'avait qu'empiré les choses ! - Alors comme ça tu ne vas plus me parler ? Elle ne répondait toujours pas. Un nouveau sourire illumina son visage. Méprisant et amusé. Il se saisit de son menton. - Oh allez, tu ne vas quand même pas me faire la tête ? Elle se dégagea avec virulence de son emprise. - Je te déteste, dit-elle d'un ton froid. Puis sa silhouette disparut, délaissant là, dans la pénombre de la nuit, un Ashkore victorieux.
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